Maurice Denis
Jeunes filles qu'on dirait des anges (recto); Cimetière en fleurs (verso)
Found at
Christies,
Paris
La Collection Sam Josefowitz: Vente du jour, Lot 416
21. Oct - 21. Oct 2023
La Collection Sam Josefowitz: Vente du jour, Lot 416
21. Oct - 21. Oct 2023
Estimate: 150.000 - 250.000 EUR
Price realised: 352.800 EUR
Price realised: 352.800 EUR
Description
Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Denis actuellement en préparation par Claire Denis et Fabienne Stahl.
« Contrairement aux compositions intimistes de Bonnard ou de Vuillard qui visaient à établir une complicité avec le spectateur, celles de Denis suscitent une admiration distante. Peuplées d’égéries aux silhouettes graciles et aux attitudes élégantes, elles témoignent d’un désir de se réfugier dans un rêve personnel, à mi-chemin entre le fantasme et la réalité »
(cité dans Maurice Denis, Amour, cat. exp., Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 2021, p. 30).
"Unlike the intimist compositions of Bonnard and Vuillard, which sought to establish a complicity with the viewer, Denis's paintings arouse a distant admiration. Populated by muses with graceful silhouettes and elegant attitudes, they testify to a desire to take refuge in a personal dream, halfway between fantasy and reality"
(quoted in Maurice Denis, Amour, exh. cat., Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 2021, p. 30).
Véritable tour de force peint vers 1892, le présent tableau, tant en son recto qu’en son verso incarne véritablement cette «surface plane recouverte de couleurs», dont le récit puissant empli d’éléments symbolistes, concentre l’esthétique Nabi chère à Maurice Denis. Après avoir guidé le pinceau et le choix des couleurs de Paul Sérusier pour son Talisman peint en octobre 1888 (Paris, Musée d'Orsay), Paul Gauguin réunit autour d’une sensibilité nouvelle de jeunes étudiants de l'Académie Julian à Paris parmi lesquels figurent Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul-Élie Ranson ou encore Édouard Vuillard.
Ces derniers, qui forment alors le groupe des Nabis, partagent une même culture picturale à la fois symbolique, synthétique et spirituelle ; la couleur est alors perçue comme ornement musical de l’âme: «Les formes et les couleurs ne sont plus utilisées pour leur valeur imitative du réel mais pour leur valeur sensible, leur capacité à susciter des états de conscience» (cité dans Le Talisman de Paul Sérusier, Une prophétie de la couleur, cat. exp., Musée d’Orsay, Paris, p. 59).
À peine âgé de vingt ans et toujours étudiant à l'École des Beaux-Arts de Paris, Denis rédige en 1890 une déclaration définitive qui préfigure les principes fondateurs du cubisme et du fauvisme et pose les jalons des abstractions qui perdureront tout au long du XXe siècle: «Il est bon de se rappeler qu'un tableau – avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées» (cité dans ‘Définition du néo-traditionalisme’, in Art et Critique, 2e année, No. 65, Paris, 23 août 1890, p. 540).
Peinte au revers d’une composition antérieure à 1892 et figurant un cimetière aux abords d’une église, Jeunes filles qu’on dirait des anges dépeint à trois reprises le visage de la muse éternelle de l’artiste, son épouse Marthe. L’artiste rencontre Marthe Meurier en 1890 et lui consacre son amour dans son Journal, à partir de juin 1891, dans une section intitulée «Amours de Marthe». Poursuivis tant pendant la longue période de fiançailles du couple, qu’après leur mariage le 12 juin 1893, et ce jusqu’au décès de l’aimée en 1919, ces écrits ont une place centrale dans l’œuvre de Denis.
Marthe apparaît ici comme à la fois réelle et symbolisée: elle rayonne et fait figure de muse, à même d’inspirer toutes les autres. À la fois familière et transfigurée, «la figure de Marthe apporte […] cette forme d’une pureté idéale du visage, et cet élan sur le chemin de la vie, qui nourrit un motif emblématique de ces premières années: la jeune fille au visage réduit à la ligne arabesque» (cité dans J.-P. Bouillon, Maurice Denis, Le Spirituel dans l’art, Paris, 2006, p. 22). Les couleurs éclatantes, les lignes sinueuses et l’attention portée à l’ornement ne décrivent pas ; elles accompagnent le spectateur dans l’intimité de l’artiste dans des motifs qui ne sont pas sans rappeler les explorations entreprises quelques années plus tard par les figures de proue de la Sécession Viennoise. - Atelier de l’artiste. | Pauline Dejean, France (par descendance). | Sam Josefowitz, Pully (acquis auprès de celle-ci le 8 avril 1989). | Puis par descendance aux propriétaires actuels.
« Contrairement aux compositions intimistes de Bonnard ou de Vuillard qui visaient à établir une complicité avec le spectateur, celles de Denis suscitent une admiration distante. Peuplées d’égéries aux silhouettes graciles et aux attitudes élégantes, elles témoignent d’un désir de se réfugier dans un rêve personnel, à mi-chemin entre le fantasme et la réalité »
(cité dans Maurice Denis, Amour, cat. exp., Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 2021, p. 30).
"Unlike the intimist compositions of Bonnard and Vuillard, which sought to establish a complicity with the viewer, Denis's paintings arouse a distant admiration. Populated by muses with graceful silhouettes and elegant attitudes, they testify to a desire to take refuge in a personal dream, halfway between fantasy and reality"
(quoted in Maurice Denis, Amour, exh. cat., Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 2021, p. 30).
Véritable tour de force peint vers 1892, le présent tableau, tant en son recto qu’en son verso incarne véritablement cette «surface plane recouverte de couleurs», dont le récit puissant empli d’éléments symbolistes, concentre l’esthétique Nabi chère à Maurice Denis. Après avoir guidé le pinceau et le choix des couleurs de Paul Sérusier pour son Talisman peint en octobre 1888 (Paris, Musée d'Orsay), Paul Gauguin réunit autour d’une sensibilité nouvelle de jeunes étudiants de l'Académie Julian à Paris parmi lesquels figurent Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul-Élie Ranson ou encore Édouard Vuillard.
Ces derniers, qui forment alors le groupe des Nabis, partagent une même culture picturale à la fois symbolique, synthétique et spirituelle ; la couleur est alors perçue comme ornement musical de l’âme: «Les formes et les couleurs ne sont plus utilisées pour leur valeur imitative du réel mais pour leur valeur sensible, leur capacité à susciter des états de conscience» (cité dans Le Talisman de Paul Sérusier, Une prophétie de la couleur, cat. exp., Musée d’Orsay, Paris, p. 59).
À peine âgé de vingt ans et toujours étudiant à l'École des Beaux-Arts de Paris, Denis rédige en 1890 une déclaration définitive qui préfigure les principes fondateurs du cubisme et du fauvisme et pose les jalons des abstractions qui perdureront tout au long du XXe siècle: «Il est bon de se rappeler qu'un tableau – avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées» (cité dans ‘Définition du néo-traditionalisme’, in Art et Critique, 2e année, No. 65, Paris, 23 août 1890, p. 540).
Peinte au revers d’une composition antérieure à 1892 et figurant un cimetière aux abords d’une église, Jeunes filles qu’on dirait des anges dépeint à trois reprises le visage de la muse éternelle de l’artiste, son épouse Marthe. L’artiste rencontre Marthe Meurier en 1890 et lui consacre son amour dans son Journal, à partir de juin 1891, dans une section intitulée «Amours de Marthe». Poursuivis tant pendant la longue période de fiançailles du couple, qu’après leur mariage le 12 juin 1893, et ce jusqu’au décès de l’aimée en 1919, ces écrits ont une place centrale dans l’œuvre de Denis.
Marthe apparaît ici comme à la fois réelle et symbolisée: elle rayonne et fait figure de muse, à même d’inspirer toutes les autres. À la fois familière et transfigurée, «la figure de Marthe apporte […] cette forme d’une pureté idéale du visage, et cet élan sur le chemin de la vie, qui nourrit un motif emblématique de ces premières années: la jeune fille au visage réduit à la ligne arabesque» (cité dans J.-P. Bouillon, Maurice Denis, Le Spirituel dans l’art, Paris, 2006, p. 22). Les couleurs éclatantes, les lignes sinueuses et l’attention portée à l’ornement ne décrivent pas ; elles accompagnent le spectateur dans l’intimité de l’artiste dans des motifs qui ne sont pas sans rappeler les explorations entreprises quelques années plus tard par les figures de proue de la Sécession Viennoise. - Atelier de l’artiste. | Pauline Dejean, France (par descendance). | Sam Josefowitz, Pully (acquis auprès de celle-ci le 8 avril 1989). | Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Upper estimate price exceeded by 41 %.
The work Jeunes filles qu'on dirait des anges (recto); Cimetière en fleurs (verso) by Maurice Denis was auctioned at Christies in Paris in October this year. It achieved a price of EUR 352,800.00 exceeding the upper end of the estimate range by 41 %. Admittedly, works by Maurice Denis have also been auctioned for a multiple of this price - according to our records, the highest result so far was achieved by the work La Cuisinière in May 2015 with an auction result of USD 2,629,000.00 (€ 2,391,304.35).
Oberer Schätzpreis um 41 % übertroffen
Die Arbeit Jeunes filles qu'on dirait des anges (recto); Cimetière en fleurs (verso) von Maurice Denis kam im Oktober diesen Jahres bei Christies in Paris zur Auktion. Sie erzielte dabei einen Preis von EUR 352.800,00 und übertraf damit das obere Ende der Schätzpreisspanne um 41 %. Freilich wurden Arbeiten von Maurice Denis auch schon für ein Vielfaches dieses Preises versteigert – das bisher höchste Ergebnis erzielte nach unseren Aufzeichnungen die Arbeit La Cuisinière im Mai 2015 mit einem Auktionsergebnis von USD 2.629.000,00 (€ 2.391.304,35).
Maurice Denis - Auction history
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