René Crevel

René CREVEL
Nouvelles Vues sur Dali et l'anti-obscurantisme
Manuscrit autographe trés corrigé (plus de 120 corrections), avec de nombreuses ratures, des passages biffés et des reprises en regard, non signé, daté à la fin: Davos, novembre 1933
Cahier cartonné à la bradel, petit in-4, 225 x 152 mm. 30 feuillets de papier vélin fin comportant 40 pages manuscrites, dont 30 rectos entièrement couverts d'une écriture serrée, chiffrés 1 à 29 (dernière page non chiffrée) et 10 versos d'une écriture plus lâche d'ajouts et de corrections. En tête du volume, une page de dédicace autographe. En outre, 17 versos comportent quelques ajouts ainsi que des croquis, notamment des têtes ou des plans d'architecture. L'ensemble est à l'encre bleue. Une page présente un béquet sur papier jauni. Sur la première page de garde, petit dessin érotique représentant une fellation.
La couverture rempliée du cahier, de papier vergé bleu, porte le titre autographe: Nouvelles vues sur Dali et l'anti-obscurantisme, accompagné de trois esquisses de profils. Le second plat est également agrémenté d'un petit profil ainsi que d'un plan. Dos passé, quelques taches d'encre et salissures. Etui bordé.
Précieux manuscrit autographe de tout premier jet de cette importante étude de Crevel sur Dali, datée de 1933, très différente et beaucoup plus approfondie que le premier ouvrage qu'il avait publié sur le peintre en 1931.
Ces Nouvelles vues sur Dali de novembre 1933 sont un "nouveau petit livre", ainsi que René Crevel l'écrivit lui-même. La différence des deux textes est nettement marquée par Annie Le Brun dans sa préface à leur réédition en 1986: "[...] en 1931, dans Dali ou l'Anti-obscurantisme, l'intuition de Crevel sur l'importance de la démarche de Dali s'empêtre dans des considérations psychosociales [...] Crevel, trop rapide, s'est pris dans le piège théorique du moment. Mais, deux ans plus tard, sur le même sujet, il trouve son élan véritable."
Les Nouvelles vues sur Dali et l'anti-obscurantisme furent en effet publiées pour la première fois en 1969. Le texte de cette édition fut établi à partir d'un second manuscrit, composé de 18 feuillets et daté de "Davos, décembre 1933", soit un mois plus tard que le présent manuscrit. Les deux manuscrits ont appartenu à Tristan Tzara qui a fait relier la version de décembre 1933, tandis que celle-ci est restée sous forme de cahier cartonné.
De la version de novembre à celle de décembre 1933, Crevel a largement remanié son manuscrit, des passages entiers ont été supprimés et des développements de plusieurs pages purement et simplement retranchés. Ces modifications datant de la période de rapprochement avec le P.C., cette version de novembre 1933 est du plus grand intérêt quant à l'évolution de l'écrivain. On remarque essentiellement une restriction des références au marxisme et à Marx au profit de celles à la psychanalyse et à Freud. Une virulente critique, occupant les pages 15 à 22, concernant "certains intellectuels soi-disant révolutionnaires", où Aragon est nommément taxé de "barrèsisme d'extrême gauche", a été entièrement supprimée dans la version définitive. Crevel y attaquait des écrivains "marxistes officiels", consacrant tout un développement sur la manière dont le suicide de Maïakovski a été présenté comme une "mort accidentelle" par un critique: "Le suicide est-il donc un
Manuscrit comportant, sur la deuxième page de garde, cet envoi autographe signé à Tristan Tzara: A Tristan / pour la bibliothèque / de l'avenue Junot, / ces feuilles tombées des / arbres du boulevard de l'amitié //René.